Dominique de Villepin le 5 juin face à LCI / RTL / Le Figaro

Les journalistes sont vraiment des gens curieux : Jean-Michel Apathie (RTL), Yves Thréard (Figaro) et Eric Revel (LCI) ont une nouvelle fois, avec une forme de résignation et comme sans attendre la réponse si désirée, posé la sempiternelle question à Dominique de Villepin, "serez-vous candidat ?" (On notera que l'ancien Premier ministre a toutefois concédé qu'il le serait mais l'annonce en sera faite au moment opportun). Mais parallèlement pas un de ces trois représentants n'a jugé bon de l'interroger plus avant sur les éléments du projet de l'éventuel candidat !

Alors quoi ? L'élection présidentielle serait essentiellement intéressante par le contenant, qui va "y aller", et fort peu par le contenu, le programme, les grandes lignes de force, les perspectives ouvertes ? Mais c'est bel et bien donner raison à l'ancien Premier ministre lorsqu'il constate que le pays n'est pas encore entré dans le temps de l'élection : manifestement les gens de la presse n'y sont pas non plus !

Cette petite heure (57') passée sur le plateau de LCI, RTL, Le Figaro aura démontré une fois de plus combien la classe journalistique se satisferait volontiers de rester sur l'écume des choses… Presque 20 minutes consacrées à Clearstream et aux affaires de fesses qui agitent le Landerneau médiatico-politique ; 20 minutes sur 57 !

Il aura fallu que Dominique de Villepin, un peu excédé, fasse lui-même la transition vers la citoyenneté, après avoir exprimé son souhait que nos traditions "gauloises" évoluent vers un peu plus de respect et de dignité vis-à-vis de nos concitoyennes, pour que les sujets fondamentaux soient abordés.

Certains le seront à la hussarde (2 minutes montre en main sur l'Union, c'est un peu court ; guère plus sur la politique étrangère) quand d'autres mériteront un traitement plus fouillé. L'ancien Premier ministre est pleine forme, plaisanteries aux lèvres et petites piques allusives qui ne sont pas sans rappeler les assauts que Bayrou avait portés à l'encontre du quatrième pouvoir durant la campagne présidentielle de 2007. C'est aussi une façon de monter que le Président de République Solidaire n'est pas dupe !

Sur le nucléaire et les conséquences de Fukushima, l'ancien Premier ministre évoque, de facto, le caractère désormais obsolète du Grenelle de l'environnement. Il préconise une double action, d'une part une diminution significative de la part de la production d'électricité d'origine nucléaire (de 80 à 50% sur 15 ans), tout en procédant aux améliorations nécessaires en matière de sécurité des sites, et d'autre part le développement de la recherche fondamentale et appliquée pour tout ce qui a trait à la future économie "verte". L'Allemagne semble avoir pris, d'une façon discrétionnaire, le pari d'une économie basée sur les énergies renouvelables et il serait insensé que notre pays s'abstienne dans ce domaine ! Nos deux pays ne partent pas de la même situation et la France ne peut raisonnablement pas envisager un désengagement brutal et inopiné du nucléaire.

La même durée de 10 minutes sera accordée à la politique intérieure (incluant les fameuses tentatives pour obtenir l'annonce de la candidature), qui n'apporte rien de vraiment nouveau, Dominique de Villepin rappelant son attachement au rassemblement, au dépassement des vieux clivages et que sa détermination à porter les valeurs et le projet reste intacte ! Ce dont nous de doutions pas ! Il termine une fois de plus son intervention en réitérant ce besoin de justice sociale que les Françaises et Français attendent depuis si longtemps...