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 La crise européenne hors du politiquement correct

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MessageSujet: La crise européenne hors du politiquement correct   La crise européenne hors du politiquement correct Icon_minitimeLun 29 Nov - 11:42

La réalité de la crise européenne ne présente pas le même optimisme béat que celui de C Lagarde, pour tout le monde !
Voici un tour d'horizon des analyses critiques afin que chacun puisse se faire un avis personnel hors des éléments de langage... :

Tout d'abord l'excellent et très pédagogique article de Martine Orange sur Mediapart.fr
(L'article étant paru Vendredi soir, nous prenons la liberté de le copier, l'effet "une" étant passé)

"Et l'impensable devient imaginable. La multiplication des dénégations des principaux responsables européens donne la mesure du péril. Avec la même vigueur qu'ils affirmaient, il y a moins de quinze jours, que l'Irlande n'avait pas besoin de la moindre aide de l'Europe et du FMI, les mêmes répètent en boucle que l'euro n'est pas en danger. Dans les coulisses pourtant, l'Union européenne et la Banque centrale européenne (BCE) s'activent autour d'un possible plan de sauvegarde au Portugal, dans l'espoir d'éteindre un incendie qui s'étend chaque jour davantage.

Les marchés sont de nouveau sur le mode panique. Vendredi 26 novembre, les taux irlandais ont dépassé les 9,2%, ceux du Portugal sont désormais à plus de 7%. En un mot, ces deux pays sont sortis des marchés, les taux exigés étant tout simplement insoutenables. La dette espagnole prend le même chemin. Les taux sur les obligations à dix ans sont désormais supérieurs à 5%. En huit jours, ils ont augmenté de plus de 1%. Dans le même temps, l'euro plonge face aux autres monnaies à une vitesse vertigineuse. Le 2 novembre, la monnaie européenne était à 1,42 dollar. Aujourd'hui, à 1,32. Le système interbancaire est à nouveau sur alarme, les banques se soupçonnant les unes les autres d'être dans des positions difficiles refusent de se prêter.

La vitesse à laquelle se propage la contagion semble prendre tout le monde de court. En dépit des espoirs des responsables européens qui s'accrochent comme ils le peuvent à leur doctrine, une aide massive au Portugal risque d'être d'avoir les mêmes effets que le plan de sauvetage irlandais: donner de nouveaux arguments pour continuer le jeu de dominos, la spéculation s'employant à faire effondrer les pièces les unes derrière les autres, à un rythme de plus en plus effréné. Tandis que le gouvernement portugais tente de résister à l'arrivée du FMI chez lui, les marchés se sont déjà saisis du cas espagnol, les deux économies étant intrinsèquement liées. Vendredi matin, le premier ministre espagnol, José-Luis Zapatero, est intervenu pour exclure «absolument» tout sauvetage financier. Des déclarations qui sont plus de nature à effrayer qu'à calmer le jeu.

Depuis six mois, les responsables politiques sont systématiquement pris à contre-pied.

La mise en jeu de la quatrième économie européenne a quelque chose de terrorisant. Le fonds européen de stabilité financière, doté de 750 milliards d'euros, est déjà sollicité par l'Irlande à hauteur d'une centaine de milliards. Si le Portugal accepte une aide, il faudra lui apporter au moins une centaine de milliards, à nouveau. Mais pour sauver l'Espagne, les sommes qui devraient être mobilisées seraient sans commune mesure. Les chiffres de 300 à 400 milliards d'euros sont évoqués. Autant dire que les réserves du fonds de stabilité financière seraient vite épuisées. Qu'arriverait-il si l'Italie suivait l'Espagne, car il n'y a pas de raison que la contagion s'arrête ?

Pour tenter de court-circuiter la spéculation, Axel Weber, président de la Bundesbank et membre éminent de la BCE, est allé jusqu'à rompre avec son orthodoxie stricte. Mercredi 24 novembre, il annonçait publiquement que«naturellement, la garantie européenne sera étendue en cas de nécessité». Des sommes étaient même évoquées : le fonds pourrait être porté à 1.200 ou 1.500 milliards d'euros. Il a été démenti, dès le lendemain, par Angela Merkel. La chancelière allemande a exclu publiquement toute augmentation du fonds de stabilité financière, celui-ci étant, selon elle, largement suffisant. De manière officielle, Berlin signifiait son refus à un projet concocté par Bruxelles pour augmenter les garanties européennes.

Sur le principe, les réticences allemandes sont compréhensibles. Le fonds de stabilité financière, qui devait servir comme arme de dissuasion, se révèle être un couteau sans lame face à la spéculation. Rajouter des dettes aux dettes – car les fonds prêtés aux pays sont directement empruntés sur les marchés par les différents pays de la zone euro (et devront être remboursés par les contribuables…. !) – risque d'entraîner l'ensemble des économies européennes par le fond. D'autres mesures s'imposent, rompant avec la doctrine. Mais il faut clairement dire lesquelles et fixer les règles.

Or, rien de tel pour l'instant. Face au mutisme de tous les autres dirigeants européens – le silence de la France dans cette crise à cet égard étonnant –, la chancelière allemande s'est érigée en chef politique de la zone euro. Mais ses interventions sont plus destinées à son électorat qu'à l'ensemble de l'Europe. Surtout, comme pour faire oublier ses hésitations au printemps lors de la crise grecque, qui coûtent aujourd'hui si cher à l'Europe, Angela Merkel multiplie les déclarations à tort et à travers, alimentant la colère de ses partenaires.

• Ce spectacle confondant de la zizanie européenne vient confirmer les doutes d'un monde financier qui n'a jamais été europhile. La peur d'un éclatement de l'Europe hante les esprits. Et la finance n'a pas son pareil pour faire des prédictions auto-réalisatrices : la crainte du pire provoque le pire.

L'Europe se retrouve totalement démunie pour casser cet engrenage fatal. Aujourd'hui, elle paie ses erreurs originelles, ses fausses routes idéologiques, ses lâchetés politiques. Petit tour (non exhaustif) de l'enchaînement de la crise.

Une monnaie unique sans union
Avant même la création de l'euro, de nombreux économistes avaient tiré la sonnette d'alarme: il ne pouvait y avoir d'union monétaire sans union budgétaire et fiscale, expliquèrent-ils. Les responsables des pays candidats à l'euro refusant les uns et les autres d'abandonner une partie de leur souveraineté et de partager leurs richesses, ils décidèrent de passer outre l'avertissement. Pour balayer les critiques et les préventions, on bâtit l'idée de la convergence. Par l'effet d'une monnaie commune, les économies des seize pays de la zone euro, en dépit de structures et de développement différents, allaient converger les unes vers les autres pour créer un grand marché unique. Parvenu au stade ultime de rapprochement, l'harmonisation fiscale et budgétaire pourrait être réalisée sans heurt.

Dix ans après, la fausseté de cette vision s'étale en pleine lumière. Loin de converger, les économies de la zone euro ont divergé de plus en plus. Car en lieu et place d'une union économique et monétaire, les pays de la zone euro ont vécu à échelle réduite une mondialisation sans frein. Chaque pays s'est retrouvé en concurrence avec tous les autres, avec la même monnaie, sans aucune protection. Asphyxiées par une politique monétaire inadaptée et une monnaie trop forte, les économies les plus fragiles – «les pays du Club Med» comme dit l'Allemagne – mais aussi dans une moindre mesure l'Italie et la France n'ont cessé de perdre en dynamisme et en compétitivité. La désindustrialisation a été massive. Un chômage structurel élevé et permanent s'est installé. Ces chutes économiques ont été parfois masquées par les artifices d'une financiarisation débridée, et de l'endettement privé autant que public.

Il suffit de regarder les balances commerciales pour connaître le bilan de ces dix ans d'union monétaire: l'Allemagne a été la grande gagnante. En 2009, elle affichait des excédents commerciaux avec tous les autres pays de la zone euro. En cinq ans, la France a quasiment quadruplé son déficit commercial avec son principal partenaire économique. Il atteignait 23 milliards d'euros l'an dernier. La politique mercantiliste de Berlin a aggravé les tensions du système. Ce sont ces forces divergentes qui sont le soubassement de la crise d'aujourd'hui.

• Une banque centrale sans bras


L'Union européenne se remettra-t-elle de cette faute originelle? Si la Banque centrale européenne avait été dotée des prérogatives normalement accordées à toute institution monétaire et avait été prêteur en dernier ressort, la crise des dettes souveraines aujourd'hui n'existerait pas. La spéculation contre tel ou tel pays pourrait se déchaîner, elle serait sans force : la BCE aurait pu, quoi qu'il arrive, voler au secours de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal, et les financer, en achetant leurs dettes primaires sur les marchés.

Par idéologie, par aveuglement, les créateurs de l'euro ont interdit cette voie: il ne fallait pas laisser aux Etats, forcément dispendieux et immatures selon le dogme, la possibilité de jouer avec la planche à billets. Les banques, les marchés, ajoutaient-ils, seraient les meilleurs garants de la stabilité et de la vigueur de la monnaie, jouant les chiens de garde face aux pays qui ne respecteraient pas la règle. La politique a abdiqué devant les marchés, laissant le destin de 500 millions de personnes aux mains des banques.

• L'ensemble des Européens peut apprécier depuis dix ans le poids de cette folie dogmatique. Tout au long des années 2000, la BCE n'a eu que pour seule ligne d'action la lutte contre l'inflation. La hausse des prix et surtout des salaires, voilà l'ennemi. Que la croissance de la zone euro stagne, qu'un chômage élevé persiste, que les pays de la zone euro s'appauvrissent, cela n'était pas son problème. Pendant ce temps, le système financier, débarrassé de toute régulation, s'en est donné à cœur joie. La création monétaire a été galopante, démultipliée par les effets de leviers. Une inflation persistante des actifs s'est installée, se manifestant par des bulles successives sur les entreprises high tech, sur l'immobilier, sur les matières premières, sans que la BCE s'inquiète outre mesure.

Depuis l'écroulement de Lehman Brothers, la situation est encore plus caricaturale. La BCE finance à tout-va un système financier perclus de dettes et d'actifs toxiques mais ne peut toujours pas financer un Etat, ou de manière indirecte. Elle prête à 1% de l'argent à des banques en acceptant en garantie des produits plus ou moins toxiques. En retour, les établissements bancaires achètent des obligations d'Etat à 5%, 6% ou 10%, en les prenant du bout des doigts parce qu'elles les jugent trop risquées. Les différences de marge sont naturellement pour les banques.

Par mesure exceptionnelle, au plus fort de la crise grecque, la Banque centrale a fait quelques entorses à ses statuts, et a acheté directement des obligations d'Etat sur le marché secondaire, dans l'espoir de faire tomber la spéculation. Ces achats ont été insuffisants pour la combattre. Mais les critiques se sont déchaînées : le laxisme monétaire était à nos portes. Aujourd'hui, les responsables monétaires et politiques se demandent quelle arme ils pourraient utiliser pour tenter d'enrayer la crise galopante de l'euro. S'ils s'en tiennent au strict respect des statuts, ils connaissent la réponse : ils ont les mains vides.

L'occasion ratée de 2008

La faute n'en incombe pas qu'à l'Europe. L'Amérique de Barack Obama est aussi grandement responsable. Après la chute de Lehman Brothers, ni les Etats-Unis ni l'Union européenne n'ont saisi l'occasion pour réimposer des lois aux marchés financiers. Il y eut certes des belles paroles, des engagements définis. «L'autorégulation pour régler tous les problèmes, c'est fini. Le laisser-faire, c'est fini. Le marché tout-puissant qui a toujours raison, c'est fini», promettait Nicolas Sarkozy dans son discours de Toulon en septembre 2008. Le G20 ajouta à la liste les paradis fiscaux, les bonus, les agences de notation, les produits dérivés, et les hedge funds.
Deux ans plus tard, il ne s'est rien passé. Les banquiers de Wall Street, Goldman Sachs en tête, ont écrit le plan de sauvetage du système bancaire américain à leur main. Les finances publiques ont été largement sollicitées pour socialiser les pertes, selon la règle du capitalisme actuel. Les régulations qu'a voulu imposer le président américain sur les conseils de l'ancien président de la Fed, Paul Volcker, ont systématiquement été écartées par un Congrès dominé par les lobbies financiers. La peur étant passée, la partie a pu recommencer comme avant.

• L'Europe n'a pas été plus brillante. Elle aussi a écrit son plan de sauvegarde sous la dictée de ses banquiers. Le chantage au financement de l'économie, au risque systémique a fonctionné à plein : les banques ont fait une OPA sur les finances publiques des pays européens. Pas un moment, un responsable européen ne s'est demandé s'il ne fallait pas saisir l'occasion pour changer les règles en Europe. Au contraire, il n'a été question que de compétition internationale, d'attentions à porter pour ne pas briser nos champions bancaires. Les bonus ont été encadrés mais pour une année. Une nouvelle taxation a été créée en contrepartie des risques garantis par les Etats mais elle a été réduite au minimum (moins de 300 millions en France). Une nouvelle régulation bancaire, censée renforcer les normes prudentielles, a été adoptée mais elle n'entrera en vigueur qu'en 2017. Quant aux méga-banques, celles qui représentent un risque systémique pour le système financier, il n'a même pas été question d'encadrer ou de réglementer leurs activités, en contrepartie des garanties octroyées par les Etats. L'Europe, pourtant, ne manque pas de ces groupes jugés hors contrôle : ils s'appellent Deutsche Bank, Santander, BNP Paribas ou Barclays.

Poussant la sollicitude encore plus loin, les régulateurs européens et la BCE ont accepté de laisser depuis deux ans les banques établir leur bilan en balayant les références comptables au profit de leurs propres critères. Les banques seules savent les risques et les produits toxiques qu'elles portent dans leur livre. Le comble a été atteint lors des tests de résistance pratiqués en juillet. Les banques ont fixé les règles. Hasard ! A l'exception de six, toutes ont passé haut la main les épreuves. Dans le lot, il y avait les trois principales banques irlandaises. Dès août, la plus endettée d'entre elles, Anglo-Irish Bank, s'effondrait. Aujourd'hui, tout le système bancaire irlandais est à terre. N'ayant pas peur du ridicule, les régulateurs annoncent une nouvelle série de tests de résistance en février, afin de rassurer les marchés.

• Les erreurs de la crise grecque


Les prémisses de la crise actuelle ont été posées lors du sauvetage de la Grèce. En dehors des hésitations de l'Allemagne, qui ont illustré le peu de cohésion de la zone euro, ce sont les diagnostics et les remèdes qui ont été choisis à l'époque qui viennent nourrir l'incertitude des marchés, tant la voie choisie leur paraît insoutenable.

Le constat d'abord. Dès le début, l'analyse de la crise grecque s'est focalisée sur la faute politique. Des économistes ont bien essayé d'attirer l'attention sur les dysfonctionnements de la zone euro, l'affaiblissement continu des économies périphériques, l'appauvrissement systématique des Etats au profit d'intérêts privés. Toute chose inaudible pour les responsables européens : leur modèle ne pouvait être en cause. Pour eux, le problème était simple : la crise grecque était due à la tricherie des gouvernements successifs sur leurs comptes, à leur laxisme budgétaire, à leur inefficacité économique, au coulage de leur système social. L'endettement de la sphère privée n'était pas un sujet digne d'attention. Les déficits publics étaient la cause de tout. Une remise en ordre drastique s'imposait. Autant au nom de la morale que de l'orthodoxie financière, la Grèce devait payer ses erreurs.

Les remèdes qui lui ont été imposés ont été calqués sur ceux du FMI, canal historique. Athènes s'est vu enjoindre de ramener son déficit public de 13,7% du PIB en 2009 à 3% en 2014. Réduction des salaires, coupes claires dans la fonction publique et les budgets sociaux, annulation des investissements publics, augmentation de la fiscalité directe et indirecte, toutes les recettes si chères au libéralisme ont été décrétées. Mais habituellement, les mesures dictées par le FMI sont toujours accompagnées d'une dévaluation monétaire et/ ou d'une restructuration de la dette, afin de redonner une compétitivité immédiate à l'économie et alléger la dette. Sinon, le pays risque de s'enfoncer dans la spirale de l'endettement et de la déflation.

La Grèce, quant à elle, n'a eu droit à aucun aménagement de sa peine. Appartenant à la zone euro, toute dévaluation était impossible. Mais d'emblée, la voie d'un rééchelonnement ou d'une restructuration de sa dette lui a été aussi fermée. «Il n'est pas question qu'un pays de la zone euro fasse défaut», a déclaré Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, au printemps. Une fois encore, l'intérêt des banques a été privilégié au détriment de l'économie. De nombreux économistes sont intervenus, en disant que le sort imposé à la Grèce était insoutenable et même non souhaitable (voir le Manifeste des économistes atterrés). Aucun pays ne pouvait réduire rapidement ses dépenses publiques, sauf à faire plonger l'économie dans la déflation. La baisse de l'activité entraînerait une baisse des ressources fiscales, finirait par un endettement croissant, impossible à supporter.

L'Union européenne a refusé d'entendre les mises en garde. Mieux, la norme d'un déficit public de 3% du PIB en 2013 est devenu l'impératif catégorique de tous les pays de la zone euro. Il fallait donner confiance aux marchés, ont expliqué les responsables politiques. Il fallait en finir avec le laxisme des déficits publics, oubliant qu'une grande partie de ceux-ci ont leur origine dans les plans de relance et de sauvetage des banques lancés en 2008. Les Européens sont donc appelés à payer l'addition de la crise financière, avec l'austérité et la régression sociale pour seul horizon.

Six mois après le début du plan d'austérité, l'économie grecque s'enfonce, comme l'avaient prédit des économistes. En dépit de toutes les coupes budgétaires, le gouvernement n'arrive pas à tenir ses prévisions de réduction budgétaires car les rentrées fiscales sont inférieures à ce qui était attendu. L'économie est en dépression, le chômage est déjà à 18%. La Grèce, qui se voit prêter de l'argent par l'Union monétaire et le FMI au taux de 6% – ce qui est loin d'être un cadeau – est en train de sombrer sous le poids de sa dette. Les seules charges d'intérêt représentent déjà 10% du PIB.

L'entêtement doctrinal

L'embarras qui a saisi les gouvernements européens sur le cas de l'Irlande est compréhensible. Impossible là d'invoquer les comptes faux de l'Etat, la gestion anarchique de l'économie, comme dans le cas de la Grèce. L'Irlande était l'élève modèle de la gestion libérale, vantée par Bruxelles. Les économistes ne manquaient pas de montrer en exemple ce petit pays, qui, en moins de deux décennies, avait réussi à quitter la pauvreté pour devenir le deuxième pays le plus riche de l'Europe par habitant. La règle à suivre était simple : la dérégulation sociale et économique était la clé du succès. Considéré comme un des principaux artisans de ce succès en tant que ministre des finances de 1997 à 2004, Charlie McCreevy avait table ouverte à Bruxelles. Il fut nommé commissaire au marché unique et aux services, chargé à ce titre de la régulation financière, jusqu'en février 2010.

Brusquement, les thuriféraires du modèle irlandais se sont tus : le spectacle offert sur les arrière-cuisines de l'économie irlandaise, il est vrai, est sans appel. La croissance stupéfiante du pays n'était qu'artifices. Les institutions bancaires, irlandaises mais aussi européennes, ont été laissées sans contrôle. Des milliers de fonds spéculatifs – notamment certains de Bernard Madoff – sont venus s'abriter dans ces terres irlandaises si accueillantes pour la finance, si peu regardantes sur leur activité, et encore moins exigeantes sur la fiscalité. Des centaines de milliards ont été investis dans des projets immobiliers locaux pharaoniques, encouragés par le gouvernement. Grâce à son dumping fiscal, l'Irlande, assuraient ses responsables politiques, ne pouvait qu'attirer les multinationales, cherchant à la fois l'optimisation fiscale et une porte d'entrée garantie sur le marché européen. L'Europe a laissé faire, a fermé les yeux sur tous les détournements des règles communes, n'a même pas cherché à contrôler l'utilisation des aides qu'elle a consenties pendant des années. La BCE n'a jamais posé un œil sur la spéculation immobilière effrénée qui sévissait à Dublin. Il ne fallait pas déranger le premier de la classe.

La faillite du système financier irlandais pris au piège de ses turpitudes, son sauvetage par les finances publiques, n'ont pas soulevé la moindre question. Au contraire, c'est avec admiration que les responsables européens ont accueilli le nouveau plan de l'Irlande : dans l'austérité, l'île reste le modèle du néo-libéralisme. Suppression de 25.000 emplois dans la fonction publique, réduction de 10% des dépenses sociales, réduction du salaire minimum : toutes les recettes y sont. Et, à Bruxelles, certains ne doutent pas que les mesures irlandaises deviennent le mètre étalon pour le reste de l'Europe.

L'enchaînement a été parfait : le système financier a réussi à faire prendre en charge une grande partie de ses pertes par les Etats. Combien de temps la supercherie va-t-elle encore durer ? La montée des protestations sociales partout en Europe commence à inquiéter le monde financier : il ne s'attendait pas à une telle résistance, y compris en Grande-Bretagne.

Les plus avisés rejoignent aussi les économistes critiques: le chemin de l'austérité et de la déflation sociale choisi par l'Europe leur paraît insoutenable. Soit des pays vont quitter l'euro, soit l'économie de certains va exploser sous le poids de la dette et de la déflation. Un réaménagement ordonné leur paraît préférable. Anticipant une restructuration inévitable, les banques préparent le terrain – et c'est un des objets de la bagarre autour de l'euro –, elles veulent obtenir l'assurance qu'elles ne seront pas mises à contribution. Goldman Sachs a déjà sorti un scénario à cet effet, proposant la création d'un mini-FMI européen, qui serait le garant en dernier ressort de toutes les dettes des pays. Les économistes de JP Morgan proposent eux qu'un transfert conséquent des dettes des pays attaqués – Grèce, Irlande, Portugal – soit organisé vers les pays les plus solides de l'Union. En un mot, les banquiers sont en train d'imaginer tous les schémas possibles pour socialiser les pertes et ne surtout pas avoir à payer une partie des pertes dont les banques sont responsables. C'est la notion du risque et de l'esprit d'entreprise dans le capitalisme actuel : des prêts à taux élevés mais avec toutes les garanties étatiques.

On en est là du débat. Les responsables européens sauront-ils enfin trouver une réponse qui ne serait pas uniquement destinée au marché? Sont-ils prêts à renoncer à leurs dogmes, qui les ont amenés à préférer les intérêts privés à l'intérêt général et ont conduit l'Europe dans l'impasse? Il est difficile de rattraper tant d'erreurs en si peu de temps. L'Europe ne progresse que sous la contrainte, ne cessent de rappeler les experts européens. Certes. Mais cette fois, il est minuit moins cinq.

Mediapart.fr par Martine Orange

NB: L'Irlande quasi-paradis fiscal ne peut augmenter son impôt sur les sociétés et ainsi augmenter ses recettes et mieux répartir les efforts qui plombent exclusivement le social...les entreprises installées font un odieux chantage et menacent de quitter l'Irlande !!


Dette souveraine : des “différences significatives” entre la France et l’Irlande Le Monde.fr

L’Elysée a assuré, dimanche 28 novembre, que la France n’est a priori pas menacée par la crise des dettes souveraines européennes. Elle ne se situerait pas “dans la même catégorie”que l’Irlande ou le Portugal, a déclaré la présidence de la République.
Voici, pour alimenter le débat, un résumé de cette analyse qui pointe des“différences significatives” entre la France, la Grèce et l’Irlande et aboutit à la conclusion que “la France ne fait pas partie du prochain train sur la liste des pays en difficulté”.

- Situation des finances publiques françaises : elle est “plus favorable” qu’en Grèce ou en Irlande assurent les économistes de Natixis. Le déficit français est plus faible et, par contre-coup, les “dynamiques de dette publique” apparaissent“différentes” aussi : “La dette irlandaise aura plus que doublé entre 2008 et 2010 , passant de 44,3 % du PIB à 99,5 %, en France elle est passée de 67,5 % du PIB à environ 83 %”.

- Situation macroéconomique : elle n’est “pas exaltante” en France, souligne Natixis, mais la croissance du PIB devrait être de + 1,5 % à + 1,6 % cette année et sans doute l’an prochain.
Pour leur part, la Grèce et l’Irlande “subissent les effets de leur plan d’austérité budgétaire”. L’Irlande sera “probablement en territoire négatif en 2010 (-0,8%) et renouera avec une très faible croissance en 2011 (0,8%)”. La Grèce “est en récession (-4,1% cette année) et le restera en 2011 (-2,8%)”.

- Etat de santé des banques : le système bancaire français est en meilleur santé que son homologue irlandais, indique l’étude de Natixis. Elle ajoute que les banques ne doivent pas, non plus, faire face “à une insolvabilité massive de ses emprunteurs”, car l’endettement des ménages est plus limité en France (“78 % du revenu”) qu’en Irlande (154 %).

Reste, quand même, que la France, lorsqu’elle emprunte, est considérée comme plus risquée par les marchés financiers que l’Allemagne : les taux d’intérêt pratiqués sur les taux à 10 ans sont supérieurs de 48 points de base pour la France; le prix demandé pour se couvrir contre le risque de défaut sur 5 années est le double de celui de l’Allemagne.

NB : sur ce sujet, on peut lire aussi une étude faite récemment par le crédit Agricole (ici), ou encore ce que le député (PS) Dominique Baert écrivait dans un rapport sur les “Engagements financiers de l’Etat”, fait au nom de la commission des finances de l’Assemblée nationale à l’occasion de l’examen du projet de budget pour 2011 (c’est ici).

L’analyse tempère pour le moins l’optimisme hautement évocateur de C Lagarde et F Baroin…Par les temps qui courent, l’observation montre que toutes déclarations optimistes, actuellement en Europe, inaugurent une catastrophe imminente !

C’est le respect de la trajectoire de désendettement de la France que M. Baert met en question. Parce qu’elle repose sur des “hypothèses macroéconomiques plus qu’optimistes”, dit-il. Il cite, à ce titre, la croissance de 2,5 % par an dès 2012 pronostiquée par le gouvernement, ainsi que la progression de l’ensemble des dépenses publiques réduite à “+ 0,8 % par an, soit un niveau jamais atteint correspondant au tiers de la progression tendancielle desdites dépenses”. Entre 2000 et 2008, ces dépenses ont crû de + 2,3 % par an en moyenne.
M. Baert n’est pas le seul à mettre en doute l’hypothèse de croissance. La commission des finances du Sénat a d’ailleurs obtenu du gouvernement qu’il incorpore dans le rapport annexé au projet de loi de programmation des finances publiques pour 2011-2014, un texte indiquant que si la croissance n’était que de 2 % à compter de 2012, cela conduirait à prendre des mesures de rigueur supplémentaires, pour un montant de 4 à 6 milliards d’euros par an, afin de tenir l’objectif de 3 % de déficit en 2013 (lire ici)
“Les perspectives sont alarmantes”, considère M. Baert, qui ajoute à son tableau l’envolée de la charge de la dette entre 2010 et 2013 dans les dépenses de l’Etat, en soulignant que celle-ci pourrait être encore plus forte si jamais les taux d’intérêt venaient à augmenter plus brutalement que ce qui est anticipé.
D'ailleurs : Déficits publics : Bruxelles contredit Fillon
Les prévisions de la Commission européenne (6,3% du PIB en 2011) sont moins optimistes que celles de Paris.

A Savoir+++

Dettes : la zone euro rongée de l’intérieur
Libération.fr
Les «marchés» qui déstabilisent l’Irlande, le Portugal ou la Grèce sont, la plupart du temps, des établissements financiers installés dans des Etats membres de l’union monétaire.

Analyse de F Clerc (Blog Paul Jorion) : « Sans aucune ambiguïté, l’épilogue tout provisoire de la crise irlandaise se solde par une victoire à plate couture des banques européennes. En tant que créancières des banques irlandaises en totale déconfiture, elles ne sont pas atteintes (sauf à la marge, quand elles disposent d’obligations junior), tandis que les consœurs irlandaises vont continuer à être renflouées sur fonds publics. Les Irlandais payeront la très lourde addition(… )Les banques, moins on en parle, mieux cela vaut »
L'UE s'accorde sur l' implication des banques ? « La question était décisive à un double titre : une restructuration ne pouvait absolument pas être exclue – une telle importance, sinon, ne serait pas accordée à la question – sa perspective créant sur les marchés un mauvais climat qu’il fallait assainir. Laissant pour la première fois depuis le début de la crise mondiale une épée de Damoclès planer au dessus de la tête du système financier.
Sur proposition des Français – on ne dira jamais assez leur contribution à la défense du système bancaire et sa transparence – les ministres ont donc adopté, pour confirmation par les chefs d’Etat, le principe qu’un tel mécanisme ne serait mis en œuvre qu’au « cas par cas ». Ouvrant grand la porte à l’hypothèse qu’il ne le soit pas. Ne laissant comme seule possibilité, si l’on comprend bien ce débat entouré de beaucoup de brouillard, que celle d’un rééchelonnement. »

« De deux choses l’une : cette volonté de placer hors d’atteinte, sur l’étagère du haut, les banques européennes laisse supposer qu’elles sont beaucoup plus fragiles qu’on ne le reconnait ; ou bien qu’elles font la pluie et le beau temps. Les deux n’étant d’ailleurs pas à la réflexion incompatibles ! Quoi qu’il en soit, elle va tendre à faire basculer une partie de la zone euro – qui en était déjà toute proche – dans la nécessité de faire appel à un soutien financier. Initiant une deuxième phase de la crise européenne au sein de laquelle le FMI pourrait être appelé à jouer un rôle grandissant. Chassé par la fenêtre, le spectre du défaut de remboursement de la dette rentrera alors par la porte de derrière.. » http://www.pauljorion.com/blog/?p=18827

L'analyse de P Jorion est que les dirigeants sont toujours à la remorque des évènements et font du coup par coup au lieu d'avoir une vision anticipatrice et une stratégie solide. Ce qui majore les doutes des marchés...

Une initiative intéressante : Réfléchir à une pétition populaire contre le dogme du traitement de la crise européenne :http://www.pauljorion.com/blog/?p=18811

Rappelons le manifeste des économistes atterrés: http://atterres.org/?q=node/1
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MessageSujet: Re: La crise européenne hors du politiquement correct   La crise européenne hors du politiquement correct Icon_minitimeLun 29 Nov - 16:45



Comment lire tout cela et ne pas éprouver un profond dégoût à l'égard de tout ce qui peut ressembler à la classe dirigeante, qu'elle soit politique, financière ou économique... Quel gâchis ! Quel désespoir !

Tout concourt à noyer l'Etat/nation dans un flot de dettes, de budgets déficitaires et d'un appauvrissement généralisé des outils dont il dispose. Les richesses créés sont littéralement siphonnées par l'économie virtuelle ! Dès 1973, le monde avait dû s'adapter à ces milliards de pétro-dollars brutalement injectés dans le circuit économique. A maints égards, et avec des conséquences bien plus néfastes, à la hauteur des sommes ainsi détournées, les milliards de spécu-dollars viennent inonder l'économie réelle alors même que les Etats/nation voient leurs moyens d'action être réduits à la portion congrue !

L'image de l'inflation galopante des actifs financiers et de son corollaire, la déflation des salaires et budgets nationaux, est parfaitement emblématique de notre époque...

Dans ces domaines cruciaux que sont l'UE et la place de la finance dans le mode d'organisation, 2012 devra aussi poser clairement les enjeux, les choix retenus et les solutions.


Dernière édition par Lee73 le Jeu 2 Déc - 12:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La crise européenne hors du politiquement correct   La crise européenne hors du politiquement correct Icon_minitimeJeu 2 Déc - 12:34


Une cagnotte de 347 milliards d’euros a été découverte à Bruxelle
s. C’est l’occasion de lancer les grands travaux pour nourrir la croissance et préparer l’avenir. Il ne faut pour cela que de la détermination au niveau de l’Union européenne.

Le Financial Times a trouvé la cagnotte cachée de l’UE : 347 milliards d’euros, qui correspondent aux fonds structurels non dépensés de la campagne 2010-2013!

Ces 347 milliards sont en fait le produit de la crise : les fonds structurels ne peuvent être engagés qu’en co-financement avec les Etats membres. Une règle à priori saine, « aide toi, l’Europe t’aidera ! ». Mais avec la disette budgétaire, les Etats ont réduit leurs investissements, et donc l’argent européen demeure inemployé.

il faudrait dépenser cet argent pour de grands projets communs, dans le but d’équiper le continent en infrastructures, de faire travailler les entreprises et les laboratoires, de réduire les inégalités entre les pays; 347 milliards, c’est 10 fois le « grand emprunt » de Nicolas Sarkozy. Si l’UE le décide, elle peut modifier les règles d’emploi de ces crédits. Un Etat ne peuvent pas suivre ? Tant pis, on réalisera quand même les équipements dont il a besoin. Ensuite, l’Union peut enjoindre la Banque européenne d’investissement de lever de l’argent sur les marchés, la somme pourrait aisément doubler. On passe à 20 fois le Grand emprunt.

Pour sortir l’Europe de l’ornière, nourrir la croissance par l’investissement, l’argent existe. Il ne faudrait pas que la volonté fasse défaut !

Le plus gros problème de l'Europe est son manque d'unité politique et pire, le dumping social et fiscal que mène les Etats les uns contre les autres !

Source Hervé Nathan M2
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MessageSujet: Re: La crise européenne hors du politiquement correct   La crise européenne hors du politiquement correct Icon_minitimeJeu 2 Déc - 16:28



Dans un entretien à Mediapart, l'économiste André Orléan, directeur de recherche au CNRS, et l'un des chefs de file du mouvement des «atterrés » dénonce l'«inertie stratégique totale» d'une Europe «divisée et impuissante». Pour s'en sortir, ce spécialiste de la monnaie plaide pour un new deal, qui permettrait, entre autres choses, de revoir de fond en comble notre relation d'«extrême dépendance» aux marchés.

Après la Grèce au printemps, au tour de l'Irlande. Quelle est la gravité de la situation pour la zone euro?

Cette nouvelle crise était prévisible. Elle s'inscrit toujours dans la même logique, qui consiste à gérer la dette publique en rassurant les marchés financiers. Sauf qu'il est très difficile de rassurer les marchés, dans la mesure où l'on ne propose que des plans de rigueur, qui eux-mêmes anticipent sur des croissances faibles. Et la croissance faible est la pire des choses pour un pays endetté.
Tout le monde prend conscience, petit à petit, avec le cas irlandais aujourd'hui, en attendant les suivants, que ce n'est pas la bonne stratégie. Cette réponse au coup par coup, à chaque fois que la contagion touche un nouveau pays, ne fonctionne pas. On va passer d'un pays à un autre, accroître le financement de l'Europe au fil des plans d'aide, créer de la récession, qui va entraîner des problèmes de déficit public encore plus grands, et accumuler de la dette de manière totalement désorganisée, sans perspective claire.
On n'y comprend plus rien: comment sortir de la spirale de la dette, si l'on en crée toujours plus? La politique suivie par l'Europe a atteint ses limites. C'est comme le tonneau des Danaïdes: on n'en a jamais fini de rassurer les marchés. Il faut changer de politique.

Que faire?

Sans une Europe unie, pas grand-chose. La situation actuelle montre qu'une zone monétaire aussi fortement intégrée que la zone euro ne peut survivre sans un pouvoir politique fort. L'Europe face aux marchés financiers me fait penser au combat des Horaces et des Curiaces. Parce que l'Europe est divisée, elle est impuissante. A chaque fois, c'est la même chose : les marchés trouvent face à eux un pays isolé qu'ils peuvent aisément mettre à terre. D'abord la Grèce, puis l'Irlande. Et à chaque fois, l'Europe perd malgré ses immenses ressources. Son fractionnement politique la mène dans une impasse. Elle ne sait pas tirer profit de son poids global. l'Europe ne vit plus son unité monétaire que comme une lourde contrainte, qui produit de d'austérité!

L'Allemagne ne pense qu'à elle?

Oui. Elle est trop autocentrée. Elle ne voit même pas que ses excédents commerciaux n'existent que grâce aux déficits d'autres pays européens – puisque la zone euro est à peu près à l'équilibre prise dans son ensemble. Il n'est donc pas dans les intérêts de l'Allemagne que ces pays quittent l'euro. Nous avons une Allemagne dominante d'un point de vue économique, mais qui se montre incapable de comprendre les intérêts collectifs de l'Europe, qui ne regarde que vers les pays du Nord, et méprise les pays du Sud du continent. D'où une absence de vision collective qui a pour conséquence une inertie stratégique totale.

L'Europe économique est sur le point de rompre?

La logique actuelle de financements négociés au coup par coup, aux conditions du marché, nous mène tout droit dans le mur. D'une part, parce qu'elle rencontre nécessairement un jour ou l'autre le refus allemand de poursuivre les financements. A un certain moment, l'opinion publique allemande décidera qu'elle ne peut plus payer.
D'autre part, parce qu'aujourd'hui, on a l'impression de revivre un remake des années 1930, à savoir une suite de plans déflationnistes qui enfoncent l'économie européenne dans la crise.

Quelles seraient les pistes de sortie de crise, si cette puissance européenne existait?


Il faut d'abord comprendre qu'on ne sortira pas de la crise en considérant les droits des créanciers comme intouchables. Cela n'est pas tenable et conduit à accroître l'endettement d'une manière vertigineuse, comme le montre bien le cas irlandais. Les salariés ne peuvent continuer à honorer les hauts revenus de la finance. Il faut un new deal.

Cela veut dire renégocier les dettes publiques?

L'une des pistes souvent évoquée serait d'imposer l'idée d'une dette européenne. Il n'y aurait plus une dette irlandaise ou une dette allemande, mais une dette européenne. Cette hypothèse est intéressante. Mais elle ne saurait réussir que dans le cadre d'une négociation globale visant à sortir de notre situation d'extrême dépendance par rapport aux marchés. Là est la question centrale.
Il serait fou de vouloir garantir l'ensemble des créances. Cela implique nécessairement des transferts du contribuable vers le secteur financier qui sont fondamentalement contreproductifs... et injustes. Faut-il rappeler que l'endettement public que nous connaissons aujourd'hui est la conséquence directe des dysfonctionnements financiers et bancaires?
Quant à la dette publique, il y a beaucoup de pistes: peser sur les taux d'intérêt, peser sur les remboursements, jouer sur la durée de la dette, son prix, son taux d'intérêt, etc. En fait, les instruments à notre disposition sont nombreux. Cependant, c'est là un acte qui demande une stratégie politique élaborée. Le blocage de l'accès aux financements internationaux est une arme aux mains des marchés dont il ne faudrait surtout pas sous-estimer la puissance.

Et si ces «petits» Etats sortaient de la zone euro?

C'est techniquement possible. Quant à savoir si c'est une solution, je ne le crois pas. Hors de la zone euro, ces pays auraient beaucoup de mal à se financer. Cela ne ferait que renforcer les exigences des marchés financiers.

Y a-t-il, tout de même, des motifs d'optimisme?


Nous avons vu, ces dernières années, que la réalité pouvait être un maître exigeant. Elle a su imposer des réaménagements idéologiques rapides et imprévus. Je pense en particulier à la Banque centrale européenne. Désormais (depuis le printemps, ndlr), la BCE rachète de la dette souveraine, ce qui paraissait inconcevable il y a encore un an.
Je pense d'ailleurs que la BCE devrait aller plus loin dans cette voie. Un pouvoir européen fort trouverait dans la monnaie une arme d'une très grande puissance si elle avait la volonté de changer son état de dépendance à l'égard de la finance internationale.

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