Retrouver les valeurs de la France 2. De la politique étrangère

Nous ne devons pas nous bercer d'illusions, la France de 2009 n'est plus celle de Louis XIV ou de Napoléon. Notre puissance économique ne nous permet, au mieux, que d'aspirer à l'accessit. La Chine, le Brésil, l'Inde, la Russie, la Turquie, l'Afrique du Sud par leur démographie, leur dynamisme, leur capacité de production à des coûts notablement inférieurs aux nôtres sont les pays qui vont disputer aux Etats-Unis la prééminence. Mais notre pays possède des atouts essentiels qui peuvent nous permettre de demeurer une référence parmi d'autres. La francophonie, vaste communauté présente sur les cinq continents, rassemblant près de 750 millions d'individus, est un creuset pour notre rayonnement. Les valeurs humanistes provenant de la philosophie des Lumières sont encore une source féconde d'épanouissement des Peuples.

Notre politique étrangère doit conserver cette capacité d'intervention, moins assise sur le poids économique que sur le pouvoir d'influence de notre position originale. Ici aussi le Général nous ouvre la voie : la reconnaissance de la Chine Populaire en 1964, le discours de Phnom Penh en 1966 alertant nos alliés américains sur l'enlisement annoncé au Viet Nam, le retrait du commandement intégré de l'OTAN, le développement de la coopération avec l'URSS mais le soutien sans faille et sans préalable apporté au Président John Fitzgerald Kennedy lors de la crise des missiles de Cuba en octobre 1962, toutes ces positions montrent que notre pays peut, lorsqu'il s'en donne les moyens et qu'il ne succombe pas aux chimères d'un universalisme orienté, faire entendre sa voix originale, sereine et sage.

Ce monde est sans doute au cœur d'un vaste mouvement d'échanges internationaux mais nous sentons poindre l'amorce du déclin de ce que l'ancien chef de la diplomatie française Hubert Védrine qualifiait "d'hyperpuissance", les Etats-Unis d'Amérique. Ce monde multipolaire qui se façonne sous nos yeux va devoir s'ajuster, se saisir des grands enjeux transnationaux (écologiques, financiers, lutte contre les violences) ; la voix de la France devra prendre toute sa place dans cet ensemble.

La coopération avec les pays en voie de développement est aussi une opportunité pour notre pays. Les liens historiques l'unissent à une partie des continents africain et asiatique. Mais cette aide au développement ne doit pas s'appuyer sur la mise en avant de grands groupes privés ou se résumer à la fourniture d'assistance militaire ou de prise en charge du train de vie des élites locales. Elle doit s'articuler sur des projets précis, ciblés, chiffrés faisant l'objet d'un calendrier établi dans lesquels la France s'engagerait de différents façons (financement, mise à disposition des compétences, envoi de matériel) en acceptant la maitrise d'œuvre des autorités locales (qui garantiraient les conditions de finalisation du projet). C'est un esprit de mutuel respect, de véritable coopération qui doit s'instaurer et s'affranchir des vieux réflexes néocolonialistes.