Villepin 2012 : une alternative crédible et raisonnée se dessine

Dans la déferlante des médiocres, pathétiques ou dangereuses postures partisanes et convenues, il apparaît une amorce d'arc-en-ciel qui, depuis 2009, s'affirme jour après jour, contribution écrite après tribune, entretien après discours. Dominique de Villepin n'est plus uniquement le haut fonctionnaire formé dans les plus grandes écoles de la République, il n'est plus l'ancien titulaire de portefeuilles ministériels ni le principal collaborateur d'un homme d'Etat.

Confronté à l'arbitraire d'une justice aux ordres d'un homme, l'ancien Premier ministre a pu mesurer combien la Roche Tarpéienne peut être proche du Capitole. Dégagé d'un protocole qui altère les réalités, l'ancien ministre est allé à la rencontre des regards, en percevant la détresse ou la foi de l'engagement. Conforté dans ses convictions, le diplomate entend le cri des peuples d'outre-Méditerranée comme un écho à nos propres demandes. L'homme bâtit avec obstination son projet, celui qui va permettre de sortir le pays d'une ornière dans laquelle il se trouve depuis si longtemps.

Nous semblons être coincés entre :

- une formation majoritaire embourbée dans ses contradictions idéologiques et menée par un maréchal de Soubise ayant perdu ses troupes,

«Sarkozy dit, le sondage à la main,
J'ai beau chercher, où diable sont-ils ?
Ils étaient là pourtant en 2007.
Me les a-t-on pris, ou les aurais-je égarés ?
Ah! je perds tout, je suis un étourdi.
Que vois-je ciel ! Que mon âme est ravie !
Prodige heureux, les voilà ! Les voilà !
Eh ventrebleu ! Qu'est-ce donc que cela ?
Je me trompais, c'est les gars de la Marine !»

(Ritournelle composée, et adaptée à la mode 2011, à la "gloire" de Charles de Soubise, duc de Rohan-Rohan, défait à Rossbach en 1757 par les troupes prussiennes)

- un parti socialiste aux idées sans doute généreuses mais dont ses principaux leaders savent pertinemment qu'elles ne sauront jamais recevoir l'amorce d'une application (à supposer que les grands prêtres de ses différentes chapelles parviennent à se mettre d'accord sur une improbable liturgie…),

- des extrêmes capitalisant sur les peurs, les souffrances et les doutes qui promettent le beurre et l'argent du beurre avec le sourire carnassier d'une harengère essayant de nous faire prendre une vulgaire vieille pour un délicat filet de sole.

Ballotté entre toutes ces incohérences, mauvaises querelles et recettes périmées notre peuple aspire à autre chose : au respect, à la vérité, à la raison et à la confiance sereine en ses élites.

Amorcé dans la motion politique de République Solidaire (LIRE ICI), synthétisé dans une tribune parue dans le journal Libération (LIRE ICI), avec un accent porté sur le rôle du pays sur la scène internationale (LIRE ICI), le projet de Dominique de Villepin se nourrit peu à peu des réflexions de l'homme d'Etat, des idées de ses soutiens, des expériences dont il a constaté la pertinence et le succès sur le terrain (LIRE ICI) avec quelques lignes de force (LIRE ICI) qui en résume bien la philosophie : un pragmatisme s'appuyant sur la démarche volontariste d'un Etat rénové, régulateur, d'une République prônant la justice sociale et la solidarité, d'une société française cherchant avec constance le chemin d'un développement durable en harmonie avec l'environnement. Et le pèlerin rassemble autour de lui toutes celles et tous ceux qui ne peuvent pas se satisfaire de ce funeste ballet des trois fantômes...


Un grand dessein digne des enjeux et de nous

Le retour aux fondamentaux de la République, et singulièrement de la Cinquième du nom, exige que le chef de l'Etat retrouve cette place d'arbitre, traçant les perspectives, représentant notre pays avec dignité, efficacité et dans le souci de la préservation de nos intérêts vitaux et de notre indépendance nationale, laissant au gouvernement le soin de gérer le quotidien et au Parlement celui d'en contrôler le bien-fondé des actions et de légiférer dans la sérénité. Aux trois niveaux essentiels d'intervention, Etat, régions et communes doivent correspondre des organes cohérents et puissamment armés pour relayer les grandes options choisies : une dizaine de départements ministériels, une dizaine de régions, des communautés de communes. Désaccoupler élections présidentielle et législatives, interdire le cumul des mandats et en limiter le nombre dans le temps, instaurer une dose raisonnable de scrutin proportionnel sont les signes forts d'une démocratie renouvelée s'affranchissant de cette confiscation éhontée du pouvoir par quelques-uns. Car ce ne sont pas les institutions qui sont blâmables mais bien les comportements ! Casser les ressorts d'une tendance naturelle à la captation est un présupposé essentiel…

Mais un Etat, aussi efficace qu'il soit, ne saurait trouver la pleine justification de son organisation sans que la philosophie de son action soit clairement exprimée, partagée, s'appuyant sur les valeurs intangibles de notre république laïque. Ici aussi les pistes proposées par Dominique de Villepin peuvent sembler "révolutionnaires" tant elles s'éloignent du mondialisme apatride correct qu'il est de bon ton d'afficher comme étant la seule politique possible !

Créer un service bancaire public mieux à même de remplir les missions que l'on attend d'un organisme financier et qu'il se mette en concurrence avec ces coffres-forts uniquement tendus vers la spéculation effrénée, aux seules fins d'assurer les rémunérations indues des dirigeants et actionnaires, que sont devenues les banques et mettre en place une monnaie solidaire pour matérialiser les échanges entre les acteurs de la sphère sociale : n'est-ce pas redonner du sens à la notion de justice sociale et de solidarité ?

Proposer la mise en place d'un revenu citoyen : n'est-ce pas renouer avec l'esprit même de celles et ceux qui joignirent leurs efforts et leurs idées alors même que le territoire était occupé et que le pouvoir du régime de Vichy déployait les valeurs d'exclusion, d'ostracisme et de négation des principes républicains ?

Soutenir l'idée d'une cogestion à la française en réservant un tiers des sièges dans les conseils d'administration des entreprises de plus de 500 personnes aux salariés : n'est-ce pas renouer avec cette troisième voie que le Général de Gaulle appelait de ses vœux ?

Considérant qu'assurer la subsistance est la première mission régalienne d'un Etat, nous proposons d'exclure des négociations de l'OMC les produits agricoles : n'est-ce pas porter une attention soutenue aux intérêts vitaux des peuples ?

Encourager la mise en place de conseils de quartier élus au suffrage universel afin de densifier l'initiative et la gestion locale des problèmes : n'est-ce pas jeter les fondements d'une démocratie vraiment participative ?

Promouvoir les circuits courts et favoriser la position des agriculteurs face aux circuits de distribution : n'est-ce pas aussi s'orienter vers un développement plus harmonieux et plus respectueux pour nos exploitants agricoles ?

Consulter le Peuple sur les grands sujets qui engagent son avenir en relançant la procédure du référendum : n'est-ce pas revenir à l'essence même de la démocratie, par le Peuple et pour le Peuple ?

Reprendre notre indépendance vis-à-vis de l'OTAN pour mieux assumer notre voix sur la scène internationale : n'est-ce pas accréditer l'idée que la France se doit d'être en cohérence avec son histoire et qu'elle aspire à un devenir qu'elle seule peut et doit se choisir ?

Rendre force et vie à une puissance publique seule capable de mettre l'intérêt général au cœur de l'activité économique, induisant prévision, soutien aux PME/PMI, recherche et innovation, formations initiales et professionnelles, financement des investissements productifs, tutorat intergénérationnel synonyme de transmission des savoir-faire et des mémoires, etc. : n'est-ce pas retrouver l'ardente obligation d'une action cohérente, coordonnée, de vaste ampleur et porteuse de développement pour tous ?

Il y a chez nous, comme de l'autre côté de la Méditerranée ou partout ailleurs dans le Monde, une "formidable aspiration à la dignité" ainsi que le souligne Dominique de Villepin. Ce désir et ce besoin de refondation sociale je les vois s'esquisser dans les différents apports qu'il présente aux Françaises et Français. Il dessine les conditions du renouveau d'une France originale dans sa démarche, efficace dans ses actions, indépendante dans sa perception des solutions à apporter aux grands maux que notre planète rencontre et par-dessus tout attachée à un socle solide constitué de la nécessaire solidarité, de la recherche incessante de la justice sociale et de la promotion de nos idéaux républicains baignés de fraternité et de liberté.

Oui, il nous faut accompagner notre propre révolution !

Vous avez parfaitement posé le postulat Fabre : en 20 années nos deux "dogmes", nos deux blocs de certitudes, celui qui cimentait les démocraties dites populaires au-delà du mur de la honte et celui qui broie l'individu au nom d'une recherche hédoniste et mercantile du bonheur terrestre, ces deux "phares" de nos sociétés se sont effondrés ou se fissurent dangereusement.

La "fin de l'Histoire" de Francis Fukuyama est surtout révélatrice de l'entrée dans une zone d'ombre dont les intellectuels ont du mal à dégager les tenants et aboutissants ; car qui peut raisonnablement soutenir que nous sommes à la fin de notre histoire ! La fin de l'Histoire, c'est la fin de l'humanité, le désert granitique et cristallisé d'une terre où toute forme de vie, humaine, animale ou végétale aurait disparu : nous n'en sommes heureusement pas (encore ?) là...

Mais nos certitudes sont ébranlées, nos repères brouillés, notre vision de l'avenir altérée par nos peurs. Je n'en veux pour preuve que la stupéfaction affichée par Jean-Michel Apathie face aux propos mesurés de Dominique de Villepin au sujet du nucléaire, hier soir sur le plateau du Grand journal de Canal+. Hé oui monsieur Apathie, l'homme d'Etat a cette capacité à remettre à plat ses propres convictions lorsqu'elles sont soumises à l'épreuve des faits ! Dénier l'évidence, écarter d'un geste de la main l'élément qui vient infirmer la croyance et ne pas voir ce qui dérange, toutes ces attitudes convenues relèvent de la posture de l'aveugle. En revanche accepter de ne pas détenir l'infinie vérité, le savoir encyclopédique ou la science infuse sont les signes évidents d'un pragmatisme raisonné, base essentielle de la nécessaire remise en cause, donc de l'évolution des mentalités et des avancées.

Ici aussi le génie visionnaire du Général de Gaulle prend tout son sens : entre une société monolithique centrée sur la dictature de classe et l'ultralibéralisme alimenté par la recherche éperdue d'une accumulation dérisoire des biens terrestres il existe une voie médiane capable de satisfaire l'envie collective d'un bonheur partagé par tous tout en permettant à l'initiative individuelle de laisser s'exprimer le besoin d'un accomplissement personnel.

C'est l'association capital/travail, la participation et la régionalisation qui sont à l'ordre du jour et qui doivent prendre le relais des vieilles idéologies dépassées ou mises en échec.