Une attente prometteuse

Cette morne campagne s'achève donc, dans sa première partie, dès dimanche prochain. La victoire prévisible du candidat socialiste le 6 mai devra être mesurée à la même aune que celle de François Mitterrand en 1981. La France ne s'est pas réveillée socialiste le 11 mai, il y a désormais plus de trois décennies ; elle ne se révèlera pas davantage acquise aux thèses du PS le 7 mai prochain. La victoire de François Hollande sera au moins autant celle du rejet brutal d'un président sortant ayant failli à sa mission.

Mais cette première défaite sera accompagnée en juin prochain d'une dégelée encore plus retentissante pour les soutiers de l'UMP qui auront constamment soutenu, parfois contre leurs valeurs les plus fondamentales (je pense à la fraction gaulliste du mouvement), les dérives les plus emblématiques d'un système Sarkozy situé aux antipodes de notre modèle républicain. Les féaux connaitront aussi leur part de misère.

Il faudra de la lucidité et un grand sens de l'opportunité pour que nos idées prennent enfin leurs aises dans un vaste mouvement populaire revisité et refondé. Mais l'histoire nous éclaire et nous enseigne que si la Roche Tarpéienne n'est jamais loin du Capitole, cela implique que l'inverse soit vrai.

En 1965, la première tentative présidentielle de François Mitterrand contribue à mettre en ballotage le chef de l'Etat sortant, Charles de Gaulle, en affichant même un très inespéré 45% des voix au second tour. Deux ans après, sa formation, ancêtre du PS, fait entrer près de 120 députés au Palais-Bourbon. La majorité gaullo-centriste ne tient qu'à une poignée de sièges.

L'avenir est prometteur !

Las, les évènements de mai 68 viennent briser la dynamique et aux législatives anticipées en juin de cette année, le groupe à l'Assemblée Nationale voit passer à la trappe plus de cinquante députés. Pire encore, le candidat présenté par le PS aux présidentielles de 1969, Gaston Defferre, dépasse tout juste les 5% de suffrages exprimés… Sur les ruines de ces cinglantes déconvenues, Tonton va patiemment ravauder les bas élimés d'une gauche socialiste en lambeaux ; 10 mai 1981, il est élu quatrième Président de la 5e République.

Les raclées électorales d'un Sarkozy et d'une UMP vampirisée par les théories ultralibérales vont donc permettre aussi une remise à plat de notre paysage politique hexagonal. Car le programme de François Hollande ne résoudra en rien nos problèmes. Pour l'avoir lu de A jusqu'à Z je peux vous certifier que nous sommes très loin du grand soir, voire même des propositions du candidat socialiste de 1981. Si certains des points auraient pu sans problème être mis en œuvre par une présidence Dominique de Villepin, il demeure que le principal reproche que je fais au catalogue est de se contenter de gérer l'existant sans jeter les fondamentaux d'une véritable alternative. Ce n'est d'ailleurs guère étonnant si l'on veut bien se souvenir que le PS est aussi un parti de notables dont il faut ménager les prébendes… Au moins Hollande et ses éléphants n'abîmeront pas plus notre République, ne nuiront pas à la cohésion de son pacte social et vont surtout nous permettre d'évacuer l'un des principaux problèmes de la France.

Mais le triptyque fabuleux du villepinisme, une citoyenneté restaurée dans sa responsabilité, un Etat modernisé dans ses structures et offensif dans ses actions, une indépendance sereinement assumée par une France enfin dégagée d'idéologies qui ne sont pas les siennes, restera encore à installer !

Passé ce printemps synonyme d'extinction pour l'actuelle majorité, il faudra envisager avec confiance l'avenir. Entre les ténors qui auront mordu la poussière électorale et les actuelles éminences ministérielles encalminées par le bilan désastreux de cinq années d'épreuves qui pourra prétendre à incarner la recomposition, l'adhésion populaire et l'audace des réformes ?

Certes pas Jean-François Copé, secrétaire général d'un mouvement dévasté par les déroutes, déchiré par les rancœurs et voyant l'effectif de son groupe parlementaire divisé par 2 ou 3. Sans doute pas François Fillon largement associé au sarkozisme rejeté ; pas d'avantage un Alain Jupé, et ce pour les mêmes raisons. Et je n'évoque même pas les Baroin ou les bébés Sarko… On change une équipe qui perd !

Dominique de Villepin sera alors ce recours magnifique que les imbéciles, à commencer par l'actuel locataire de l'Elysée, n'ont pas su mettre en avant dès cette présidentielle.

D'aucun s'étonne, se désole, voire même s'inquiète du silence actuel de l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Mais que viendrait-il faire dans cette galère électorale ?

Indiquer pour qui voter, telle la pythie prise par ses vertiges ?

Dominique de Villepin nous enseigne par son indépendance d'esprit à nous défier de ces statues du commandeur qui appellent l'assemblée à voter pour untel ou untel. Que des individualités indiquent leur choix personnel et citoyen, comme viennent de le faire Brigitte Girardin ou Azouz Begag, rien de plus naturel (d'autant plus que je voterai aussi pour Hollande aux deux tours). Mais attendre l'oracle divin tombant des lèvres afin de déterminer son choix de vote, non ! Ici aussi, Dominique de Villepin nous montre le chemin : se servir de nos cellules grises est la première exigence citoyenne qu'il faut s'imposer. Ne lui demandons pas d'abîmer son image dans un combat douteux !

Au surplus, dans la cacophonie médiatique du dérisoire, comment la parole d'un Dominique de Villepin pourrait-elle être audible, à supposer que ces messieurs-dames du quatrième pouvoir veuillent bien le laisser parler et s'abstenir d'en détourner les propos à des fins purement électoralistes. Que je sache, Dominique de Villepin reste le seul qui n'ait jamais transigé avec le locataire actuel du 55 rue du Faubourg-St-Honoré.

Il faut donc patiemment tisser notre toile, laisser ces merveilleux moments d'attente produire leurs effets.

Car nous sommes l'avenir !

S'il y a bien une nouveauté "révolutionnaire" dans l'offre politique actuelle, c'est bien celle née autour de Dominique de Villepin ! Lui seul a su fédérer autour de ses idées les énergies provenant de tous horizons et désireuses de s'affranchir de ce stérile fractionnement droite /gauche qui ne signifie plus rien ! Nous avons ici même des compagnes et compagnons issus du PS, de l'UMP, du MoDem, des Verts ou qui ne se reconnaissent dans aucune formation constituée.

Nous sommes le fer de lance de ce nouveau clivage qui se retrouve dans le mouvement, dans l'anticipation et l'adaptation de notre modèle fondé sur des valeurs républicaines cependant intangibles, centré sur les valeurs humanistes et la justice sociale, attentif à l'éthique comportementale de nos représentants et exigeant sur la vertu de nos gouvernants.

Le conservatisme, c'est l'immobilisme, et il se trouve aussi bien à droite qu'à gauche ; l'ultralibéralisme, c'est la loi de la jungle et il se trouve aussi bien à droite qu'à gauche !

Nous sommes les hérauts de cette belle et future France qui saura retrouver les accents de ses origines et fonder ses actions sur la liberté, l'égalité et la fraternité.

Patience compagnes et compagnons, l'avenir nous le bâtirons avec Dominique de Villepin !