Le big bang de l'UMP

Seule l'implosion de cette usine à gaz nommée UMP peut permettre à Dominique de Villepin de proposer une recomposition sensée de l'actuelle majorité autour d'un large pôle gaulliste, centriste et radical.

Le ralliement de dernière minute de Dominique de Villepin, tel un vulgaire Borloo, un médiocre Morin ou une ridicule Boutin, sous la bannière mitée d'un Sarko en déroute serait politiquement ruineux pour l'image de probité intellectuelle de l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac et le placerait dans la pire des situations pour la suite des évènements !

Pour le moment, c'est le seul, et vous pourrez chercher il n'y en a pas d'autres, qui n'ait jamais transigé avec l'actuel chef de l'Etat ; le seul qui puisse se prévaloir d'une expérience gouvernementale significative et couronnée de succès ; le seul qui possède cette aura indispensable sur la scène internationale.

Pourquoi aller galvauder ces atouts précieux dans le soutien de dernière minute d'une barcasse qui se fracasse sur les eaux du suffrage universel ? L'échec de Sarko à la présidentielle et la défaite de l'UMP aux législatives s'inscrivent dans le droit-fil de cette ruineuse politique élaborée depuis 5 ans. Et on ne pourra pas taxer Dominique de Villepin d'aveuglement partisan : il n'a pas cessé durant toutes ces années de tirer la sonnette d'alarme ! Qui peut, parmi les caciques de la majorité, se prévaloir d'une telle honnêteté intellectuelle ?

Débarrassé de cette clique gouvernementale et des caciques d'une formation laminée aux élections, Dominique de Villepin aura toute latitude pour faire avancer les idées fortes de son projet et les proposer aux pays lors des futures échéances politiques. Il ne peut pas et ne doit pas s'abîmer dans le sauvetage, fut-il sans espoir (et surtout s'il est sans espoir...), d'un pouvoir largement honni par une majorité de citoyennes et citoyens.

Dominique de Villepin n'a cessé de répéter, et à raison, que le clivage droite / gauche était désormais inopérant en France, compte-tenu de l'ampleur de la crise à laquelle le pays est confronté et aux lignes de clivage, économiques, financières, sociales et donc politiques, qui traversent chacun des camps. C'est précisément parce que je suis convaincu qu'une recomposition est possible, souhaitable, certaine à partir des vestiges de l'actuelle majorité que je souhaite que Dominique de Villepin n'apparaisse pas comme le supplétif d'un pouvoir à la dérive.

Au surplus, quelle légitimité pourrait avoir un homme d'Etat ayant pointé durant tout ce quinquennat toutes les dérives du système en place, et singulièrement celui qui mine notre organisation si originale, s'il devait brusquement se prononcer pour celui qui était aux commandes !

Partant du principe qu'une victoire à la présidentielle ne peut, hélas, que se construire sur une formation politique solide, il demeure qu'espérer remonter une boutique aussi dévastée que l'UMP actuelle relèverait de l'utopie la plus insensée. Si nouvelle formation il doit y avoir, elle doit être fondée sur une organisation nouvelle, avec un nombre non négligeable de têtes nouvelles, instruites par le passé récent et désireuses de développer leurs actions politiques sur une éthique irréprochable, une probité politique sans faille. Combien parmi les ténors présents sont celles et ceux qui pourraient prétendre convaincre l'électrice et l'électeur de la pureté de leurs intentions et de la force de leurs convictions pour défendre notre modèle d'organisation ? Si peu, si peu…

Non, il faut un grand coup de balai, les législatives de juin, et une fois les écuries d'Augias nettoyées, repeupler la maison, la meubler et l'ouvrir au plus grand nombre. Dominique de Villepin aura sans doute bien plus de 12 travaux à accomplir pour rendre l'espoir et la fierté au pays, mais il devra pouvoir compter sur des compagnes et compagnons déterminés à aller jusqu'au bout.