Les
citations placées entre parenthèses sont du
Général de Gaulle.
"Les hommes, si lassants à voir dans les manœuvres de l'ambition, combien sont-ils attrayants dans l'action pour une grande cause !"1. Un constat accablantNous assistons depuis mai 2007 et l'élection de Nicolas Sarkozy à une triple dérive :
1. Attaques répétées à l'encontre de notre pacte républicain fondé sur notre modèle social, ces attaques polymorphes étant principalement axées sur :
- Politique de classe (bouclier fiscal, salaires scandaleusement élevés des dirigeants des grandes entreprises, bonus extravagants et injustifiés des acteurs de ce qui relève de plus en plus d'une économie virtuelle totalement déconnectée de l'économie réelle)
- Démantèlement des services publics ou dégradation des conditions de leur fonctionnement
- Politique visant à montrer du doigt, à exclure (débat sur l'identité nationale)
- Dérapages dangereux émanant des plus hautes autorités de l'Etat (Hortefeux, Besson, etc.)
- Propos inconsidérés de la part du chef de l'Etat (catholicisme / laïcité, coupable / prévenu, etc.)
2. Dégradation de nos institutions et prévarication de la fonction suprême :- Présidentialisation rampante (rôles du Premier Ministre, du gouvernement, du Parlement - passages en force, votes sous la "menace")
- Détournement de souveraineté (référendum 2005 / ratification parlementaire Lisbonne, projet de réforme du mode d'élection pour les futurs conseillers territoriaux)
- Abaissement de la fonction présidentielle (présence continuelle de ce qui relève de la vie privée, postures et langage du chef de l'Etat, recours systématique à la justice faisant fi du principe d'équité du traitement entre les citoyens, etc.)
- Tentations népotistes (nominations de personnes provenant de l'entourage immédiat du Président à des postes clés, affaire de l'EPAD)
3. Dévoiement du rôle de la France sur la scène internationale :- Retour dans le giron atlantiste
- Postures va-t-en-guerre (intervention à l'ONU)
- Premiers signes de la baisse d'influence de notre pays (UNESCO, Iran / Genève)
- Dénigrement, arrogance, désinvolture à l'égard des dirigeants étrangers (Obama, Zapatero, etc.)
Ces dérives sont d'autant plus dommageables qu'elles interviennent dans un contexte où notre pays, à l'instar du reste du monde, se trouve confronté à une crise économique profonde, dont les répercussions sur les Françaises et les Français exigeraient une attention particulière des gouvernants sur le maintien de notre pacte républicain et social. Tous les observateurs, tant nationaux qu'étrangers, s'accordent à penser que l'existence d'un modèle social français original permet à notre pays de mieux encaisser les conséquences de ce choc économique. Il est donc irresponsable, contre-productif et indécent de constater que le chef de l'Etat contribue par ses actes et ses discours à la mise à mal de notre socle commun. Les outrances néolibérales commencent à être remises en cause dans les pays où ces "recettes" furent imposées (Etats-Unis, Royaume Uni) pendant que nous amorçons le chemin inverse ! Car n'en doutons pas, les actes, les mots et les pensées de Nicolas Sarkozy sont tous orientés vers un même but : casser le modèle français et l'aligner sur les pratiques mises en place dans l'Amérique des Reagan / Bush et dans l'Angleterre des Thatcher / Blair.
Mais ces dérives sont également incompréhensibles alors même qu'entre à la Maison Blanche une nouvelle administration soucieuse de restaurer l'image fortement dégradée des Etats-Unis par huit années de présidence de George Walker Bush. Il n'est pas question de se laisser porter par une douce utopie : aussi désireux qu'il soit de présenter un visage avenant, le Président Barak Hussein Obama est avant tout un dirigeant américain qui luttera pied-à-pied pour préserver l'influence et la puissance de son pays ; c'est un patriote et nul ne pourra lui reprocher cette attitude.
Mais nous pouvons profiter de ces meilleures dispositions de la part du dirigeant de la première puissance mondiale pour amorcer un dialogue constructif et équilibré. Un retour dans l'OTAN, soit ! Mais pour que la France puisse y faire entendre sa voix et faire prendre en compte ses opinions sur la stratégie ou la politique générale ; si cela doit se résumer à placer quelques casquettes étoilées dans des commandements, aussi prestigieux soient-ils, c'est galvauder notre indépendance nationale, pour ne pas employer le concept même de haute trahison ("Peu à peu nous prenons l'habitude du recul et de l'humiliation, à ce point qu'elle nous devient une seconde nature.").
Il est donc essentiel de redéfinir notre cadre de fonctionnement, de clarifier le rôle des pouvoirs publics, d'en identifier les périmètres d'intervention. Si le gaullisme devait se résumer en une seule phrase, elle pourrait être : le refus de ce qui est indument présenté comme étant inéluctable. C'est aux origines mêmes de cette référence historique que l'on peut poser les fondations de notre action. On ne cesse de nous rabâcher que la mondialisation entraine un "lissage" des comportements nationaux, que le libéralisme outré est la panacée universelle, que le modèle anglo-saxon doit devenir la règle, toutes tentatives incessantes et pernicieuses visant à démontrer que la cause est entendue et le combat vain.
Le gaullisme de guerre nous enseigne que savoir dire "non" et que le dire avec suffisamment de force, de conviction et d'obstination peut déjouer les complots. Le gaullisme politique nous apprend que le pragmatisme, le caractère, l'exigeante grandeur par laquelle toute politique doit être inspirée, le refus du renoncement et la vertu du rassemblement permettent que l'art du possible se dégage de la glaise du souhaitable en gardant constamment à l'esprit qu'"il n'y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités". Cette "certaine idée de la France" évoquée par le Général, c'est notre conception de la France de demain et d'après-demain !