Vive la Commission, vive Bruxelles !

Selon la divine parole d'une Commission européenne corsetée par les thèses néolibérales d'une "concurrence libre et non faussée", les parlementaires français sont appelés à se prononcer sur un projet de loi imposant à la société Electricité de France de céder le quart de sa production d'électricité à des opérateurs privés et ce à un prix inférieur aux 34€ le mégawattheure que lui coûtent la production.

Passons sur le fait que cette production s'effectue essentiellement dans des centrales nucléaires dont la construction, l'entretien et la maintenance ont été assurés par les fonds des contribuables et que ce sont ces opérateurs privés (Poweo, Direct Energie - dans laquelle le très sulfureux Stéphane Courbit, grand ami de Sarkocescu, à de gros intérêts - GDF Suez) qui vont profiter de ces investissements publics sans que cela leur coûte un euro.

Mais là où je m'étonne et je dis que la Commission de Bruxelles a raison et qu'il faut suivre cette logique de la "concurrence libre et non faussée" c'est qu'il convient que nos parlementaires par voie d'amendement obligent EDF à fixer le prix facturé à ses abonnés à partir du même prix accordé aux sociétés privées qui proposent des contrats de fourniture d'électricité ; ne pas le faire serait pour le coup pénaliser les clients d'EDF et ne pas respecter leur droit à cette "concurrence libre et non faussée" !

Et puis il faudra bien aussi que nos parlementaires nationaux fassent appel aux mânes du Général Pierre Cambronne (1770-1842) et adressent aux Commissaires européens le mot qui rendit éternellement célèbre ce militaire, héros des campagnes napoléoniennes : NON mesdames et messieurs les Commissaires de Bruxelles l'énergie n'est pas un produit comme un autre ; sa fourniture doit pouvoir relever des intérêts vitaux de l'Etat et s'affranchir des lois de la "concurrence libre et non faussée" (on remarquera d'ailleurs que dans ce secteur toutes les privatisations entreprises ont donné lieu à une augmentation des prix !).

Donc résultats des courses pour cette première lecture à l'AN concernant le vote du projet de loi portant nouvelle organisation du marché de l'électricité.

Nous avons 577 circonscriptions sur l'ensemble du territoire. Les suffrages exprimés étaient au nombre de 506 (sont exclus le Président Accoyer, non votant, ainsi que les 65 députés n'ayant pas pris part au vote - dont 35 UMP et app. et parmi eux les députés gaullistes du Finistère Jacques Le Guen et Hervé Gaymard de la Savoie, 5 NC, 22 socialistes et app. et 3 NI, dont les deux représentants vendéens du Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers (sans doute le prix du ralliement de l'agité du bocage à Sarkozy) et plus curieusement le député Debout La République François-Xavier Villain, 18è du Nord, qui n'a pas suivi son chef de file, Nicolas Dupont-Aignan qui lui a voté CONTRE).

Sur ces 506 suffrages (qui établissent la majorité absolue à 254) nous comptons 294 POUR (271 UMP et app., 20 NC et app. et 3 NI) soit 58,1% des exprimés (mais seulement 51% des inscrits) vs 212 CONTRE (2 UMP - Jacques Myard Yvelines 5 et Michel Heinrich Vosges 1, digne successeur de Philippe Séguin dans cette circonscription et à la mairie d'Epinal, 182 socialistes et app., la totalité des 25 communistes/verts du groupe GDR et 3 NI, dont Daniel Garrigue, de la Dordogne, un des grognards de Dominique de Villepin, François Bayrou et donc Nicolas Dupont-Aignan).

Curiosité : le très néolibéral Hervé Mariton qui n'a pas pris part au scrutin, pas plus que Françoise de Salvador qui a succédé à Georges Tron après son entrée au gouvernement... Comprenne qui pourra ! Prochaine étape : le Sénat.