Lee73 Admin
Messages : 603 Date d'inscription : 04/03/2010 Age : 67 Localisation : St Jean de la Porte
| Sujet: Les Chinois à Bruxelles Jeu 27 Oct - 3:47 | |
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"Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera" écrivait il y a presque 40 ans Alain Peyrefitte, ancien ministre du Général de Gaulle, à l'issue d'une mission parlementaire dans le pays du Milieu. Nous avons assisté au réveil et désormais nous pouvons constater que la Chine, ses dirigeants et son Peuple, ont faim, très faim…
Les pays membres de l'Union européenne, faute d'un volontarisme économique qui les a faits se concentrer sur le seul traitement financier homéopathique, en sont donc réduits à demander aux BRICS (ces puissances émergentes qui s'appellent Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) de participer au sauvetage d'une situation qu'ils se sont interdits, par leur veule incurie, de régler en interne (voir ICI).
Le Brésil vient d'ailleurs de faire savoir à l'Union qu'il ne mettrait pas au pot européen, estimant que ses membres ont la capacité à résoudre leur problème sans faire appel au monde entier. On peut comprendre leur fin de non-recevoir, le grand pays sud-américain a ses propres soucis, tout en admirant la confiance affichée vis-à-vis de l'aptitude de l'Europe à vider seule l'abcès…
En revanche la Chine est parfaitement disposée à tenter l'aventure. La grande puissance exportatrice asiatique a évidemment besoin des débouchés européens pour alimenter le moteur de son économie ; secourir un client dans la débine, c'est aussi prendre date pour assurer les marchés à venir et les règlements qui y sont associés.
Le danger, bien entendu, n'est pas de faire entrer le "loup dans la bergerie", ou en tous les cas pas uniquement ! Nous ne sommes pas encore dans une configuration à la Jean Yanne avec ses Chinois à Paris ; mais ils sont déjà à Bruxelles…
Le double inconvénient de cette entrée de Pékin dans le tour de table financier européen est qu'il place l'Union en position de faiblesse par rapport aux futures négociations sur l'appréciation de la monnaie chinoise, le yuan et, plus globalement, sur la mise à plat d'un système monétaire international défaillant. Régulièrement accusée d'être sous-évaluée, tant pas ses partenaires européens que par Washington, le yuan est l'élément essentiel du dynamisme des produits chinois sur les marchés internationaux.
Les Américains ne doivent pas être ravis d'une telle attitude européenne, d'autant qu'ils sont largement pieds et poings liés par le formidable tas de bons du Trésor US amassé par Pékin. Le yuan n'a pas grand souci à se faire quant à sa parité, son taux de change, en € ou $ !
L'autre désagrément de cette intrusion est qu'il accrédite définitivement l'idée d'une interconnexion accrue des économies, y compris dans celles constituant les grands groupes d'Etats. La globalisation a de beaux jours devant elle et l'Etat-nation va disparaître définitivement dans les limbes de l'Histoire…
Au surplus, le jour où les BRICS seront eux-mêmes atteints de langueur économique, vers qui nous tournerons-nous ? Les petites femmes et petits hommes en vert de la planète Mars ? Une autre galaxie ? La boite de Pandore a été largement ouverte hier à Bruxelles...
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